Objectifs
La présente section a pour objectif d'illustrer, à partir d'explications et d'exemples concrèts, la façon dont les notions cishétéronormatives influencent l'espace des cours d'éducation physique, en passant par les conceptions sexuées et genrées de l'activité physique et des sports (APS). De plus, ladite section permettra d'élucider sur l'idée que les pédagogie actuelles sont non seulement hétérosexuelles, mais surtout hétérosexualisantes.
À la suite de votre lecture, vous serez en mesure de mieux comprendre pourquoi et comment les cours d'EPS peuvent devenir des lieux de marginalisation, discrimination, et d'oppression pour les élèves LGBTQIA2+.
Accedez à la sous-section de votre choix :
Une conception sexuée et genrée de l'APS
Pédagogies hétérosexuelles et hétérosexualisantes

Une conception sexuée et genrée de l'APS
Sur le terrain, l’hétéronormativité se traduit, en partie, par une conception masculine et genrée de l’activité physique et du sport (APS) : les garçons, de « nature » compétitive, préfèrent le développement de qualités masculines, telles que la force, l’endurance, la vitesse, et l’agressivité (Hargie et al., 2017; Hickey, 2008); à l’inverse, les filles, moins compétitives de « nature », excellent dans le développement de qualités féminines, telles que la flexibilité, la souplesse, l’agilité, et l’esthétique (Hargie et al., 2017; Hickey, 2008). Pour plusieurs, cette conceptualisation de l’APS encourage la division – sexuées et binaires – des élèves selon les caractéristiques sexuées et genrées de l’activité, ainsi favorisant la participation des filles ou des garçons en plus de renforcer l'idée qu'il existe « approprié » selon leur sexe et leur genre.
Les stéréotypes du genre
Réflétant, en grande partie, les croyances du domaine de l'APS (lisahunter, 2019), le domaine de l'éducation physique est envahi par des notions stéréotypées du genre. La nature descriptive à pour fonction d'établir des attentes quant aux caractéristiques des membres d'un groupe, ce qu'ils possèdent, ce qu'ils « sont » – tous les stéréotypes ont cette fonction (Glick, 2016). Par exemples, les 'garçons' sont plus aggressifs, compétitifs et forts que les 'filles'. Par ailleurs, les stéréotypes peuvent également être prescriptifs, c'est-à-dire qu'ils précisent comment les membres d'un groupe « devraient » être (Glick, 2016).
Plusieurs conséquences en découlent. D'abord, les stéréotypes descriptifs entraînent des désavantages tant pour les personnes de sexe féminin et masculin qui « sont perçus comme manquant des attributs nécessaires pour réussir » une tâche ou une activité (Kollmayer et al., 2018, p. 366, traduction libre) – ceci peut être considéré comme une forme de capacitisme. Ensuite, les stéréotypes prescriptifs entraînent des désavantages (punition, p. ex., l'exclusion social, l'indimidation, etc.) pour toutes personnes « transgressant les croyances partagées sur la façon dont les femmes et les hommes devraient se comporter » (Kollmayer et al., 2018, p. 366, traduction libre).

Pédagogies hétérésexuelles et hétérosexualisantes
L’EPS, selon Sykes (1998) est « une profession où l’hétérosexualité a historiquement été considérée comme normale, voire obligatoire. » (Landi, 2019; lisahunter, 2019). Documenté depuis le début des années 1980 (p. ex., Cobhan, 1982), la dominance du discours hétéronormatif au sein des curriculums d’EPS limite la participation des élèves LGBTQIA2+ en réduisant les possibilités de la représentation du genre aux conceptions binaires de ce dernier (p. ex., masculin/féminin, hétérosexuel/homosexuel, masculinité/féminité) et en décourageant ceraines formes d'expression du corps, à risque d’être sujet à de la discrimination (Devís-Devís et al., 2018a, 2018b).
Effectivement, les corps deviennent « essentiels pour articuler les dimensions personnelles et sociales [de la cishétéronormativité]. Le système [cis]hétéronormatif est imprimé dans les corps (et, par extension, dans leurs mouvements, leur apparance ou leur discours), et les valeurs, normes et attentes scociales hétéronormatives sont intériosisées dans les corps réels et projetées à travers eux. » (Devís-Devís et al., 2018b, p. 105, traduction libre). Dans ce sens, les structures cishétéronormatives « agit à la fois comme source et conséquence [...] la façon dont les corps sont perçus par eux-mêmes et par les autres restreint ou permet certaines formes d'expression esthétique du corps (Krais, 2006). » (Devís-Devís et al., 2018b, p. 105, traduction libre).
Alors que le domaine de l'EPS se voit profondément imprégné par les croyances et les normes hétéronormatives, il devient difficile, pour plusieurs, de comprendre les identités au-delà des images hétérosexuelles et binaires du sexe/genre (Sykes, 2011, cité dans lisahunter, 2019). Par conséquent, peu d'attention est porté à l'idée d'addresser les enjeux touchant les minorités (LGBTQIA2+) ou d’abandonner la conception binaire traditionnelle (et envahissante) de l’identité du genre (Berg et Kokkonen, 2021). Cette dernière option étant jugée à la fois excessive et inutile pour plusieurs (Berg et Kokkonen, 2021; Joy et al., 2021).
Dillon Landi (2018) illustre les répercussions qu'ont les notions cishétéronormatives sur les pédagogies actuelles :
« J'ai involontairement renforcé les concepts de jeunes filles minces, élancées et jolies. À l'inverse, le concept de graçon 'sain' était construit en opposition aux filles. Le garçon [...] était alors associé à la 'taille', à la musculature et à la force physique [...] J'ai délibérément tenté de modeler les élèves en fonction de leur sexe. Plus précisément, ma pédagogie n'était pas seulement une « pédagogie hétérosexuelle », mais surtout, elle était une pédagogie hétérosexualisante. » (p. 133, traduction libre)

La prochaine étape
Consultez la section LGBTQIA2+, qu'est-ce que cela signifie? si vous désirez connaître la signification de cet acronyme, en plus de démystifier les concepts de sexe, genre, identité de genre, orientation sexuelle et expression du genre.
Consultez la section La cishétéronormativité : c'est quoi? de sorte à en apprendre davantage sur la cishétéronormativité et les structures sociales qui en découlent ainsi que mieux comprendre les répercussions des conceptions sexuées et genrées (p. ex., rôles, normes, stéréotypes) sur la construction de l'identité de genre chez les individus LGBTQIA2+.
Consultez la section La réalité des élèves LGBTQIA2+ afin d'obtenir un aperçu de la réalité des élèves LGBTQIA2+ en contexte scolaire, plus précisément au sein des cours d'éducation physique.
Accédez à la section S'impliquer si vous désirez apprendre les pratiques gagnantes de sorte à créer un environment d'apprentissage inclusif, l'un où les élèves des communautés LGBTQIA2+ pourront s'épanouir.
Retournez à la Page d'Accueil pour voir toutes les options.