Préface
Nous convenons que le terme « pratiques gagnantes » peu semblé maldroit de notre part en raison de l’absence d’études empiriques concernant les possibilités d’actions favorisant l’inclusion des élèves LGBTQIA2+ dans les cours d’éducation physique à l’école (Berg et Kokkonen, 2021; Chiva-Bartoll et al., 2021; Devís-Devís et al., 2018b; Landi et al., 2020). Toutefois, plusieurs recommandations peuvent être dégagées des diverses recherches effectuées sur ce sujet. De ce fait, nous croyons nécessaire de les présenter afin de vous offrir un bref aperçu des potentialités d'action à cet égard.
Accedez à la sous-section de votre choix :
Refuser le langage LGBTQIA2+phone et Modeler un langage inclusif
La sépération 'gars'/'filles' : une pratique stéréotypées

Les bonnes pratiques
Language LGBTQIA2+phobe et langage inclusif
Dans le domaine de l'EPS, l'utilisation d'un langage sexuée et genrée, de même que des expressions LGBTQ+phobes, sont l'une des formes de discrimination les plus répandues affectant les élèves LGBTQIA2+ (Andres et al., 2014; Ayvazo et Sutherland, 2009; Butler, 1990; Berg et Kokkonen, 2021; Devís-Devís et al., 2018a, 2018b; Joy et al., 2021).
Refuser le langage LGBTQIA2+phobe
Prenez le temps d'expliquer pourquoi les commentaires LGBQTIA2+phobe sont inappropriés et inacceptables; qu'il n'y aura aucune tolérance quant à l'utilisation de ce type de langage au sein de la classe.
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Organisez une discussion en classe sur le langage discriminatoire et éduqez les élèves par rapport aux mots utilisés de façons haineuse, négative et détournée (Coalition des familles LGBT+, 2020; Kollmayer et al., 2020; Sánchez-Hernández et al., 2018) et expliquer comment cela peut affecter les autres. Voici quelques exemples qui n'ont pas leur place dans les cours d'EPS :
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Des expressions communes, telles que « tapette », « fif », « butch », « c'est tellement 'gai' »
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Également des commentaires, tels que : « c'est un sport de fille ça! », « non, mais tu ne peux pas jouer avec les gars! T'es une fille... »
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Éviter le langage sexiste
Trop souvent, dans les cours d'éducation physique, nous entendons ces commentaires sexistes encourageant la division des groupes en garçons et filles, ainsi renforçant une conception binaire du genre.
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Évitez les descriptions et commentaires sexués et genrés, tels que « les filles, vous pouvez faire des pompes modifiées » ou, encore pires, « pourquoi fais-tu des pompes de filles? »
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Utilisez plutôt « pompes modifiée » sans faire référence au sexe ou au genre.
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Évitez de décrire et relier les qualités physiques (p. ex., la force, la puissance, la flexibilité, etc.) à un genre en particulier. Aucune expression du corps n'est propre à un sexe ou un genre.
Ces croyances et pratiques causent énormément de tort aux élèves LGBTQIA2+ et non conforme au genre.
Adoptez un langage inclusif et faites preuve de soutien pour les jeunes LGBTQIA2+
L'avantage des pratiques suivantes est de montrer aux élèves que vous êtes ouvert, que vous les acceptez et que vous êtes prêt à les écouter.
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En début d'année, prenez le temps d'envoyer un questionnaire demandant à vos élèves leurs noms et leurs pronoms d'usage, de même que toutes informations concernant le niveau de confidentialité (p. ex., veux-tu que j'utilise tes pronoms devant la classe, tes parents, en privé?) (Buzuvis, 2017; Foley et al., 2016).
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Foley et ses collègues (2016) proposent la formule suivante lors de la première journée de classe : « Si tu as un pronom ou un nom d'usage que tu aimerais qu'on t'appelle, fais-le-moi savoir quand je t'appellerai et je le changerai sur ma feuille. Tu peux aussi venir me voir après le cours. » (p. 7, traduction libre).
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Présentez-vous comme une personne avec un genre (Airton, 2019). Par exemple, « Je m'appelle [X], mes pronoms sont [--/--]; si vous désirez partager vos pronoms et noms d'usage, je reste disponible à la fin du cours pour en discuter. »
Séparation des classes : pas seulement des 'gars' et des 'filles'
Le domaine de l'ESP, dans les pays occidentaux, a historiquement séparé les garçons des filles pendant les activités (Larsson et al., 2009) et, malheureusement, semble encore être une pratique courante (Joy et al., 2021). Effectivement, à l'école, les cours d'EPS demeurent l'endroit où la ségrégation sexuelle est non seulement vue comme « normale », mais est également encouragée (Devís-Devís et al., 2018b).
La persistance de ce type de pratique renforce les stéréotypes du genre et légitime l'hétérosexisme (Kollmayer et al., 2018). Par ailleurs, soumettre les élèves à ce type d'exigence efface et refuse l'existence d'élèves non binaires et non conformes au genre.
Enfin, plusieurs soutiennent que la séparation des élèves selon leur sexe ou leur genre n'a pas sa place dans le domaine de l'EPS (Caudwell, 2014; Ferrey, 2020; Foley et al., 2016; Kollmayer et al., 2018; Joy et al., 2021; Martínková, 2020; Suzanne Roberts et al., 2020; Travers, 2019). Consultez le volet S'informer pour plus de détails concernant les conséquences des pratiques genrées.
Au lieu de séparer la classe selon leur sexe ou leur genre, vous pouvez
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Diviser la classe en fonction des niveaux de compétences (skill-based approach : Hutton, 2017).
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Offrir le choix aux élèves de participer à des activités compétitives/non-compétitives.
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Séparer les groupes selon des critères arbitraires qui ne considèrent pas le genre ou le sexe comme une base valable pour diviser la classe, tels que la couleur préféré, l'animal préféré, la couleur des chandails, des souliers ou des pantalons.
Le choix des activités/jeux : il y a plus que les sports traditionnels
L'équité de genre est solidifiée dans l'utilisation de différentes stratégies et méthodes d'enseignement, telles que des activités innovatives et l'utilisation d'évaluation différenciée. A contrario, les sports traditionnels (p. ex., le hockey, le soccer, le football) et les évaluations basées uniquement sur la performance (selon des standards arbitraires et sexués) peuvent renforcer certaines formes de stéréotype du genre en plus d'offrir plus d'opportunités de participation à certains groupes d'élèves (Devís-Devís et al., 2018b; Hargie et al., 2017; Parri et Ceciliani, 2019). La variété et la nouveauté des activités sont de bons moyens d'encourager la participation de toustes (Lamb et al., 2018).
Proposer des activités innovatrices (et une grande variété)
Les cours d'éducation gravitent typiquement vers les sports traditionnels et populaires. Il est possible d'estomper le cadre sociohistoriquement traditionnel du genre en mettant l'accent sur des activités innovantes (Parri et Ceciliani, 2019).
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Favoriser des activités qui placent l'élève en tant que sujet et non en tant qu'objet
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Le yoga, la gymnastique, la danse, le tai-chi, l'entraînement physique, la jonglerie, la Zumba, le boxercise, le taekwondo, le spinning (Block, 2014; Lamb et al., 2018; Parri et Ceciliani, 2019).
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Ces activités permettent aux élèves de saisir la signification des mouvements eux-mêmes (Block, 2014); d'une exploration de l'identité (Vigarello, 2006).
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Favoriser les activités/jeux techniques et tactiques
Les activités où les qualités stéréotypées du sexe et du genre peuvent être désavantageux pour toustes personnes (LGBTQIA2+ ou non) qui ne rencontrent pas les soi-disant 'normes' et 'attentes'.
Les activités techniques et tactiques s'éloignent des stéréotypes du genre en mettant l'accent sur des habiletés 'non genrées', telles que la communication, la prise de décision, le travail d'équipe (coopération), le contrôle émotionnel, et l'utilisation de tactiques/stratégies) (Alcalá et Garijo, 2017; Parri et Ceciliani, 2019).
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Le Frisbee Ultime, le Tchoukball, le Speedball, le Danish Longball et le Kin-Ball sont toutes des activités réduisant les barrières à l'APS et qui efface les avantages souvent perçus dans les sports traditionnels, c'est-à-dire qu'avoir l'un de ces attributs d'offrent pas un énorme avantage.
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Par exemple, le fait d'être une personne de grande taille, d'être capable de courir vite ou d'avoir un grand niveau de force ne permet pas de 'dominer' le jeu.
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À cet égard, nous recommandons aux membres du personnel enseignant en EPS de se familiariser avec l'approche Teaching Game for Understanding (TGfU) dû à sa structure flexible et à sa possibilité d'être modifiée selon les objectifs du cours ou les besoins des élèves.
Défier les stéréotypes
Il est également possible d'ébranler le cadre sociohistoriquement traditionnel du genre en mettant l'accent sur des activités qui exposent littéralement les stéréotypes du genre. En effet, plutôt que d'éviter les activités intensifiant les conceptions sexuées et genrées de l'APS en choisissant des jeux 'neutres', voyez à perturber la complaisance à l'égard des stéréotypes du genre, ces derniers dominant le discours traditionnel de l'APS et du domaine de l'EPS.
Tel que le souligne Larsson et collègues (2009), les cours d'EPS se déroulent généralement sans problème « puisqu'il est pratiquement impossible de remettre en question la normalité du genre et du sexe » (p. 14, traduction libre). Donc, afin de soutenir la diversité sur le plan du genre ou du sexe, il est nécessaire de perturber les structures cishétéronormatives de sorte à permettre une (re)définition des notions du sexe et du genre (Fitzpatrick et McGlashan, 2016, cité dans Wrench et Garrett, 2017; Joy et al., 2021).
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Faites une activité préliminaire avec vos élèves afin de partager leurs perceptions de l'activité choisie ainsi que leurs impressions sur le mérite de cette activité dans les cours d'EPS. Ensuite, discutez comment ces notions peuvent être une source d'inconfort, de marginalisation et de discrimination, et ce, tant pour les élèves LGBTQIA2+, les personnes qui ne correspondent pas aux soi-disant 'normes' ainsi que les personnes cisgenres et hétérosexuelles. (Sánchez-Hernández et al., 2018)
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À la suite des activités, demandez aux élèves de partager leur expérience (en groupe ou de façon anonyme à l'aide d'un questionnaire) et discutez de ces commentaires avec la classe afin de déterminer s'il y aurait une manière de transformer l'activité de sorte que toustes personnes se sentent comfortables. (Sánchez-Hernández et al., 2018)
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Enfin, cette exposition (littérale) aux croyances cishétéronormatives de l'APS peut être instrumentale quant à la remise en question du statu quo. La redéfinition de ces croyances permet, par ailleurs, d'écarter l'idée qu'il faut avoir des caractéristiques masculines ou féminines pour participer à une activité physique (Hargie et al., 2017).